VII
Les Commissions

 

En-Vérité Cooper se réveilla dans la vieille auberge du village de Hatrack River. Là où Alvin le Faiseur était né puis revenu douze ans plus tard afin d’effectuer son apprentissage chez le forgeron local.

C’était cet apprentissage qui avait amené En-Vérité Cooper au village. L’ancien forgeron était mort depuis longtemps et, comme son épouse l’avait précédé dans la tombe, leurs enfants se trouvaient désormais en possession d’un testament qui leur donnait « un soc d’or pur volé par un apprenti du nom d’Alvin, fils d’Alvin Miller de Vigor Church ». Le père de Margaret Larner, Horace Guester, avait écrit à En-Vérité dès que la rumeur du testament avait commencé à se répandre dans la localité. C’était le seul avocat en qui Horace avait confiance, ce qui expliquait sa présence : il fallait empêcher un quelconque juge écervelé d’assigner Alvin et de l’obliger à présenter le soc.

Si seulement le soc n’existait pas !

Mais il existait et n’avait jamais appartenu au forgeron. C’est Alvin qui l’avait forgé dans la forge de Hatrack River. Lui qui l’avait, on ne savait comment, changé en or, et seule la cupidité avait poussé le vieux forgeron à prétendre qu’Alvin le lui avait volé.

La cause serait vite entendue si on oubliait le préjugé local qui tenait depuis des années Alvin du moins chez ceux qui ne l’avaient jamais connu – pour la pire des crapules. Horace avait en vain répété à tous vents que le forgeron n’avait jamais possédé autant d’or, que sa fille n’aurait jamais épousé un voleur, que tout le monde savait le forgeron fieffé menteur et commerçant madré.

L’affaire passerait en jugement, et le juge, qui devait se représenter à l’élection en automne, davantage sensible au parti pris populaire qu’à la loi, risquait fort d’assigner Alvin à comparaître.

Voilà pourquoi En-Vérité Cooper, avocat, se trouvait une nouvelle fois à Hatrack River pour plaider la cause d’Alvin au tribunal. Ce coup-ci, heureusement, Alvin n’était pas incarcéré. Il était parti quelque part accomplir ce que lui avait ordonné sa femme Margaret – comme s’il n’avait pas sa propre tâche à accomplir.

Pas juste, pas normal. Ne juge pas de crainte qu’on te croie jaloux de la femme d’Alvin, pour l’amour du ciel.

Il faisait complètement noir dehors. Pourquoi diable s’était-il réveillé maintenant ? Il n’avait pas particulièrement envie d’uriner. Il avait dû entendre un bruit. Un ivrogne qui refusait de quitter l’auberge à l’heure de la fermeture ?

Non. Il entendit alors les piétinements d’un attelage et la voix du valet d’écurie qui emmenait à pied des chevaux afin de leur donner à boire, à manger et de les installer à l’écurie pour la nuit. Il était rare que le coche poursuive sa route dans le noir. Mais quand En-Vérité s’approcha de la fenêtre et l’ouvrit, il était bel et bien là, pas de doute, entouré de ses lanternes qui jetaient mille feux – et en nombre suffisant pour qu’on croie de loin à un incendie de forêt.

La curiosité l’empêchait de regagner son lit sans découvrir qui venait d’arriver à une heure aussi indue.

Il ne fut pas autrement surpris de reconnaître, assise à la table de la cuisine, la femme d’Alvin, Margaret, qui s’installait pour prendre un bol du célèbre – à juste titre – bouillon de poule de son père.

« Vous, fit-elle.

— Je suis également enchanté de vous voir, chère madame Smith. »

Si elle voulait se montrer grossière envers lui, il pouvait bien rester poli en retour en l’appelant par le patronyme de son époux et non par le sien propre.

Elle le regarda, les yeux plissés. « Je suis fatiguée et vous voir debout m’a surprise, mais je vous présente mes excuses, monsieur Cooper. Je vous prie de les accepter.

— Je les accepte, madame Larner, et je vous présente aussi les miennes.

— Vous n’avez pas à vous excuser, dit-elle. Je n’enseigne plus depuis des années, je ne suis plus institutrice, alors je ne mérite plus guère le nom de Larner. Et je suis fière de porter celui de Smith, celui du métier de mon mari, car son travail est le seul qui me reste. »

Le vieil Horace s’approcha derrière elle et lui frotta les épaules. « T’es fatiguée, ’tite Peggy. Garde de la conversation pour d’main matin.

— Autant qu’il soit au courant tout de suite. Je ne pensais pas le voir avant demain, mais, comme je l’ai réveillé, autant lui gâcher le reste de la nuit. »

Elle connaissait bien sûr la présence d’En-Vérité à Hatrack River. Même si Horace ne lui avait pas écrit pour annoncer son arrivée, elle l’aurait su, comme elle savait tout ce qu’elle voulait grâce à son talent de torche. Ça le gênait toujours un tantinet qu’elle apprenne rien qu’en le regardant ce que lui réservait l’avenir, mais il ne s’était jamais donné la peine de le lui dire.

« De quoi est-ce que je dois être au courant ? demanda-t-il.

— Alvin a besoin de votre aide.

— Alvin s’est séparé de moi comme compagnon de voyage il y a des années. Mais je continue de l’aider voilà pourquoi je suis ici.

— Quelque chose de plus urgent que cela.

— Alors envoyez quelqu’un d’autre, dit En-Vérité. Si je ne règle pas cette affaire de testament et de soc tout de suite, elle va revenir hanter ses nuits.

— En ce moment même, fit Margaret, il s’occupe d’au moins cinq mille personnes qui viennent de s’échapper de Nueva Barcelona. Plus de la moitié sont des esclaves marrons ou des Noirs affranchis, et la plupart de ceux qui restent sont des Français méprisés, alors vous imaginez l’impatience des Espagnols à les ramener sous leur coupe.

— Et qu’est-ce que je vais faire ? Recruter une armée et tous nous envoler vers le sud comme des pigeons migrateurs pour les sauver juste à temps ? »

Horace Guester eut un claquement de langue. « C’est pas impossible, vous connaissez.

— À moi si, dit En-Vérité. Ce n’est pas mon talent.

— Votre talent, fit Margaret, c’est d’ajuster les choses.

— Quelquefois.

— Alvin peut assurer la sécurité de ces gens durant leur voyage. Ce dont il a désespérément besoin, c’est un but vers lequel se diriger.

— Je présume que vous en avez un en tête.

— Alvin s’est fait un ami à Nueva Barcelona, dit Margaret. Un commerçant de la rive ouest de la rivière Noisy qui a fait faillite. Il s’appelle Abraham Lincoln.

— Et il a du terrain ?

— Il est très estimé par chez lui. Il peut vous aider à en trouver.

— Sans frais, j’espère, dit En-Vérité. Ma clientèle n’est pas suffisante pour avoir fait de moi un homme riche. Je continue de travailler pro bono pour mes amis.

— Je ne sais pas combien il faudra le payer. Je sais seulement que si vous n’allez pas voir monsieur Lincoln, rares sont les chemins qui ne mènent pas au désastre pour Alvin et les gens sous sa garde. Mais si vous y allez…

— Laissez-moi deviner – il pourrait y avoir un chemin qui conduit à la sécurité.

— Le plus important d’abord, fit Margaret. Il lui faut un refuge qui recueillera ces sans-foyer, qui acceptera de tels pensionnaires et les abritera quelque temps. Nulle part dans les pays esclavagistes on ne les acceptera, c’est certain. »

En-Vérité s’assit à la table, s’appuya le menton dans les mains et regarda Margaret dans les yeux. « Moi, je préfère rester ici et débarrasser Alvin de cette histoire de testament une bonne fois pour toutes. Pourquoi ne pas aller vous-même parler à ce monsieur Lincoln ? »

Elle soupira et fixa le contenu de son bol. « Monsieur Cooper, j’ai passé cinq ans de ma vie à essayer de convaincre les gens de faire ce qui éviterait une guerre horrible et sanglante. Savez-vous à quoi je suis arrivée au bout de toutes ces années de discussions ?

— Nous n’avons pas encore eu de guerre, fit En-Vérité.

— J’ai retardé la guerre d’un ou deux ans, peut-être trois, dit Margaret. Et savez-vous comment j’ai obtenu ce résultat ?

— Comment ?

— En envoyant mon mari à Nueva Barcelona.

— Il a repoussé une guerre ?

— Il ne savait pas ce qu’il faisait, mais la guerre a été retardée, parfaitement. À cause d’une épidémie de fièvre jaune. Mais ensuite il est allé plus loin, il a réussi cette… cette évasion impossible. Ce sauvetage, cette libération d’esclaves. »

Horace gloussa. « On dirait qu’il a fini par s’faire a l’idée d’abolition.

— Il l’a toujours souhaitée, rectifia Margaret. Pourquoi a-t-il voulu passer à l’acte maintenant ? Cette évasion d’esclaves… elle va nous amener la guerre à coup sûr.

— Il a donc supprimé une cause et fait naître une autre », dit En-Vérité.

Margaret hocha la tête et prit une cuillerée de bouillon. « C’est très bon, papa.

— Pardonnez-moi de penser en homme de loi, fit En-Vérité Cooper, mais pourquoi n’avez-vous pas prévu des conséquences pareilles avant de l’envoyer là-bas ? »

Comme elle avait la bouche pleine, ce fut Horace qui répondit. « Elle voit pas si clair que ça quand il s’agit d’Alvin. Elle voit pas tout ce qu’il va décider d’faire. Elle voit quèques affaires, mais pas des tas quand il s’agit d’lui. Ce qu’est une bénédiction, d’après moi. Un bougre flanqué d’une femme qui voit tout ce qu’il fait, veut et espère, ben, autant qu’il s’tue tout d’suite, moi j’trouve. »

Horace plaisantait, aussi se mit-il à rire, mais ce n’était pas une blague pour Margaret. En-Vérité vit ses larmes tomber dans le bouillon. « Holà, doucement, dit-il, c’est déjà bien assez salé, je vous assure, j’en ai mangé au dîner.

— Père a raison, fit-elle. Oh, pauvre Alvin. Je n’aurais jamais dû l’épouser. »

Pour tout dire, cette idée avait déjà traversé l’esprit d’En-Vérité à plusieurs reprises par le passé, et comme il n’ignorait pas qu’elle voyait dans sa flamme de vie, il ne chercha pas à mentir ni à la rassurer. « C’est possible, reconnut-il, mais, comme vous le savez déjà, Alvin décide tout seul. Il vous a choisie comme la plupart des hommes se choisissent une compagne, sans connaître le bout du chemin mais désireux d’y arriver sa main dans la vôtre. »

Elle lui toucha la sienne et lui fit un petit sourire. « Vous parlez comme un avocat.

— Ce que je dis est vrai. Alvin vous a choisie pour ce que vous êtes et ses sentiments envers vous, et non parce qu’il s’attendait à vous voir prendre toujours les bonnes décisions.

— Ses sentiments envers moi, dit-elle en frissonnant. Et s’il découvre que je l’ai envoyé à Nueva Barcelona en sachant que sa présence là-bas allait causer la mort de centaines de malheureux ?

— Pourquoi devrait-il le découvrir ? » répliqua En-Vérité. Mais il connaissait déjà la réponse.

« Il me le demandera, répondit Margaret. Et je le lui dirai.

— Il est la cause de l’épidémie de fièvre jaune, c’est cela ?

— Pas délibérément, mais oui.

— Et vous le saviez d’avance.

— C’était la seule mesure susceptible d’arrêter la guerre que projetait déjà le roi. Son invasion de Nueva Barcelona aurait forcé les États-Unis à investir les colonies de la Couronne afin d’empêcher le roi de leur interdire l’accès à la mer. Mais la fièvre jaune a dissuadé l’armée du roi d’approcher de la ville. Une fois que la fièvre aura disparu, tous les agents du roi dans la ville auront disparu aussi. Ce chemin qui conduisait à la guerre est fermé.

— Donc, au prix des victimes de l’épidémie, fit En-Vérité, vous avez sauvé la vie de tous ceux qui seraient morts à la guerre. »

Elle secoua la tête. « C’est ce que je croyais. Mais Alvin a rouvert la porte à son insu, et la guerre qui va désormais en découler est tout aussi sanglante.

— Mais vous l’avez encore retardée de quelques années.

— Quel intérêt ?

— Ce sont deux ou trois années de vie de gagnées. Pendant lesquelles on se mariera, on aura des enfants. On achètera et on vendra, on labourera, plantera et récoltera, on déménagera et on s’établira. Le monde sera différent dans deux ou trois ans, et ceux qui mourront à la guerre auront bénéficié de cette rallonge de vie en sus. Ce n’est pas une mince affaire, ces années-là.

— Vous avez peut-être raison, dit Margaret. Mais Alvin m’en voudra quand même de l’avoir envoyé là-bas causer des centaines de morts dans le but d’en différer des milliers d’autres.

— Tais-toi, asteure, fit Horace. Il va pas t’en vouloir. »

Mais En-Vérité n’en était pas sûr. Alvin n’était pas homme à apprécier qu’on le manipule pour commettre ce qu’il tiendrait sans aucun doute pour un horrible péché. « Pourquoi ne lui avez-vous rien dit ? Il aurait décidé tout seul. »

Elle secoua la tête. « Parce que tous les chemins, y compris celui où je le lui disais, l’entraînaient à faire autre chose pour empêcher la guerre – mais toutes ses tentatives auraient échoué. Et la plupart de ces chemins se terminaient sur sa mort. »

Elle éclata en sanglots. « J’en sais trop ! Oh ! Aidez-moi, mon Dieu, je suis si fatiguée de trop en savoir ! »

Horace vint aussitôt s’asseoir près de sa fille et lui entoura l’épaule du bras. Il regarda En-Vérité qui s’apprêtait à la consoler. « Elle est tannée, et vous avez été réveillé en plein sommeil, dit-il. Allez donc vous coucher, et elle va s’coucher aussi. Il sera toujours temps d’causer demain. »

Comme d’habitude, Horace savait exactement ce qu’il fallait dire pour satisfaire tout le monde. En-Vérité se leva de table. « Je vais faire ce que vous demandez, dit-il à Margaret. Vous pouvez compter sur moi pour vous aider à trouver où installer la troupe d’Alvin. »

Elle hocha légèrement la tête, le visage toujours caché dans ses mains.

C’était le seul bonsoir auquel il aurait droit, aussi reprit-il le couloir pour regagner sa chambre. Il se sentit d’abord extrêmement irrité de devoir abandonner son projet de débarrasser Alvin des héritiers chicaneurs du forgeron. Pourtant, arrivé devant sa porte, il avait déjà tout oublié. Cette affaire ne le concernait plus. Il avait une autre tâche désormais, mais elle n’avait pas encore commencé. Aussi, quand il s’étendit sur son lit, mit-il peu de temps à s’endormir car il n’avait pas de soucis dans l’immédiat.

Le lendemain matin, il ne vit pas Margaret, en définitive. Sur le plancher de sa chambre l’attendait un mot qui lui donnait le nom de la ville où vivait Abraham Lincoln et lui expliquait comment s’y rendre.

Au petit-déjeuner, le vieil aubergiste avait la mine grave. « J’suis inquiet pour l’bébé, dit-il. Elle s’est mise à vomir c’te nuit. Elle en peut pus et elle est malade comme un chien. Elle dort asteure, mais si elle perd ce bébé-là aussi, je l’jure, j’connais qu’elle va perdre la tête, c’est sûr.

— Alors je devrais partir sans lui parler ?

— Tout ce que vous avez b’soin d’connaître, c’est sus l’papier.

— J’en doute, dit En-Vérité.

— Bon, d’accord, fit Horace avec un sourire pâle. Tout ce que vous avez b’soin d’connaître d’après elle. »

En-Vérité Cooper lui rendit le même sourire puis retourna dans sa chambre pour rassembler ses affaires en vue du long trajet à cheval vers l’ouest. Si seulement il était resté à Vigor Church au lieu de venir ici, à Hatrack River, il n’aurait aujourd’hui qu’un tiers du chemin à parcourir. Il se demandait parfois s’il n’avait pas passé la majeure partie de son existence à voyager, sans d’ailleurs jamais atteindre une destination digne d’intérêt.

Une fois de plus, c’était peut-être la meilleure description de ce que devait être la vie. La seule véritable destination, c’est la mort, et notre existence consiste à trouver le chemin le moins direct et le plus agréable pour y parvenir.

Il était en selle et en route des heures avant midi, aussi avait-il le soleil encore dans le dos. Ce serait plus facile quand le chemin de fer s’étendrait jusqu’au Mizzippy. Si la compagnie posait assez de rails, on n’aurait même plus besoin de cheval. Mais pour le moment il fallait choisir entre monter un cheval et l’empêcher à grand-peine de devenir fou sur une barge ou un vapeur, ce qu’il préférait éviter.

Il se disait tout en chevauchant qu’Alvin et Margaret étaient sans conteste les deux personnes les plus puissantes, douées et bénies du ciel de ce continent, et pourtant Margaret vivait en permanence dans la tristesse, la peur et le désespoir, tandis qu’Alvin errait en tous sens, à demi perdu et mélancolique, aussi le jeune avocat en conclut-il une nouvelle fois qu’être un homme aux talents relativement ordinaires avait ses bons côtés.

La Cité de Cristal
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